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dimanche 6 mars 2011

La Terrasse, entretien avec Laurent Cazanave et Julie Duchaussoy.

Pour le Hors-Serie "Formations Artistiques", nos deux camarades ont été interviewé. Voici ce qui a été gardé dans le journal.


Entre sécurité et angoisse





Julie Duchaussoy a vingt-six ans. Cette jeune comédienne a été formée à l’Ecole de Théâtre du TNB, à Rennes, sous la houlette de son directeur, Stanislas Nordey.

Une école est souvent influencée par la personnalité de son directeur. Que dire de Stanislas Nordey ?

Julie Duchaussoy : L’identité de l’école tient beaucoup à sa personnalité. A l’arrivée dans l’école, on a passé un mois avec lui, en travaillant à la table. Il nous lisait des textes sur le théâtre, nous racontait des anecdotes, nous énonçait des sortes de règles d’or : un acteur doit être intelligent et heureux ; il doit être généreux. Il parlait d’hospitalité aussi, nous invitant à accueillir les metteurs en scène, les intervenants et les méthodes. Ça m’a donné envie d’être souple. J’ai apprécié qu’on nous annonce qu’on ne nous mettrait pas en danger. Il n’y avait pas de représentation publique à la fin des ateliers. On n’avait pas vraiment de pression. Avancer d’un demi centimètre, c’était déjà bien ! Mais en même temps, ça m’a causé une sorte d’angoisse permanente parce que j’avais l’impression d’être sous une loupe qui nous regardait grandir !

« Peut-être faudrait-il une école sans murs… »

Quelles étaient les conditions matérielles de la formation ?

J. D. : Une formation se fait dans un lieu. Mais demeurer toujours dans le même lieu est parfois déroutant parce qu’il est difficile d’y vivre quelque chose de très fort pour le retrouver ensuite avec un autre intervenant. Je me disais qu’il aurait été intéressant que chaque atelier ait lieu dans un endroit différent. Ça fait un an que je travaille et que cette idée se confirme en moi : arriver dans un lieu inconnu à chaque fois, ça rend libre. Pendant la formation à l’école, on nous a envoyés à Liège dans le cadre du projet d’échange Prospero : j’ai beaucoup appris de cette aventure.

Qu’avez-vous appris après l’école ?

J. D. : Après l’école, j’ai suivi une formation d’une semaine avec Lupa. C’était passionnant ! Mais à un moment, j’ai éprouvé le besoin de travailler, et j’ai fait un bond énorme en me sentant désirée par quelqu’un qui m’engage. Le statut d’élève, paradoxalement, ne m’aidait plus. J’avais peur, peur d’avoir peur, et depuis que je travaille j’ai beaucoup moins peur. A l’école, personne ne vient vous voir jouer, donc vous ne vous sentez pas obligé, pas engagé. Or, c’est très excitant d’être obligé ! Maintenant que je travaille, je ferais volontiers des ateliers pour continuer à apprendre. Apprendre avec Lupa, c’était bien parce que c’est quelqu’un d’ailleurs. Cela a manqué dans ma formation. Les Français apprennent aux Français à faire du théâtre. Peut-être faudrait-il une école sans murs…

Propos recueillis par Catherine Robert

Apprendre le dialogue





Formé à l’école des Enfants de la Comédie dès l’âge de cinq ans, Laurent Cazanave, jeune comédien de vingt-deux ans, a suivi les cours de l’Ecole de Théâtre du TNB, à Rennes.

Que retenez-vous de votre formation à l’Ecole du Théâtre du TNB ?

Laurent Cazanave : Ce que je retiendrai surtout de ces trois ans, c’est que la formation se fait avec des artistes en activité, qui sont aussi des employeurs potentiels. De vraies rencontres ont lieu et les metteurs en scène questionnent leur travail avec nous. La formation n’est pas seulement théorique mais offre des conditions de répétition qui impriment un rythme de travail et de vie. C’est une école où on travaille comme dans un laboratoire. Il n’y a pas de programme fixé à l’avance : tout se fait en fonction de l’avancée des élèves. On travaille essentiellement sur le théâtre contemporain et peu sur le théâtre classique, mais en fonction des rencontres, on touche à plusieurs formes de théâtre (textes purs, poésie sonore, danse, marionnettes, récit) et on découvre plein de choses. A la sortie, cette vision des différents théâtres permet de choisir son théâtre. Le TNB travaille beaucoup sur la personne, l’être humain au plateau. On est incité à partir de soi et de ce qu’on est, ce qui n’est pas forcément facile à mettre en place quand on est acteur. Les élèves apprennent à dialoguer avec le metteur en scène et à apporter leur pierre au spectacle.

« Dans ce métier, on continue toujours à apprendre. »

Avez-vous continué d’apprendre après l’école ?

L. C. : Je me rends compte qu’il y a des choses que je pensais connaître et que je redécouvre avec le recul. Après l’école, assez sécurisante, on continue à apprendre et à progresser. Et puis on apprend à gérer le statut d’intermittent, à choisir des projets. Tout le côté administratif de la profession, on ne l’apprend pas à l’école. Dans ce métier, on continue toujours à apprendre. J’espère avoir toujours envie d’apprendre et d’apporter ma vision au metteur en scène comme lui m’apprend des choses. Rennes m’a appris ça : le dialogue. Mais tout l’apprentissage reçu a été possible parce qu’avant le TNB, l’école des Enfants de la Comédie m’en avait donné envie. Il faut d’abord acquérir la passion et l’amour de ce métier.

Propos recueillis par Catherine Robert

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